Les hommes de la route et autres histoires de la montagne
" Il y a, dans les rapports secrets entre les sensations, les sentiments, les pensées et les mots, une sorte d'honnêteté à laquelle je me laisse prendre aussitôt. Chamson me prend et ne me lâche plus. Oui, j'aime le son de sa voix: rude, âpre, parfois, sans être jamais rauque, avec de subtiles tendresses comme involontaires et tempérées par une sorte de virile pudeur. Et, de-ci de-là, de sauvages frémissements de la passion: amour ou haine... mais une haine toujours prête à redevenir de l'amour. Les phrases alors se font courtes, s'essoufflent et, sous les mots, on sent battre le coeur." André Gide
"Sur les hautes façades plongeant à pic vers la rivière, les fenêtres souvrirent. A la même minute, devant le grondement des eaux, tous les habitants de la Condamine retrouvèrent le souvenir des anciennes catastrophes. Aux appuis de bois vermoulus, des formes noires se penchaient dans le vide et, derrière elles, on voyait claquer, comme pour s'éteindre ou se consumer d'un coup, la haute flamme des lampes. Poussés par l'angoisse, des hommes et des femmes, à travers les jardins détrempés, s'avançaient jusque sur les hautes berges, évaluant dans l'ombre la montée des gouffres, le bondissement des cascades, et le tourbillonnement des rapides."(extrait)
Les hommes de la route avancent dans le courage de la vie. Comme une saga familiale qui campe avec tant de finesse, les hommes, les femmes et les enfants de ce coin de France, il n'y a pas si longtemps. Une humanité dans laquelle aujourd'hui encore nous prenons racine avec la nostalgie des hauts pays. Nous cheminons avec eux entre la vallée, sa rivière et la montagne rude, si près de tout ce qui se sent, se ressent, s'entend, se touche et se perd un peu, pour laisser au lecteur cette subtile écriture qui s'inscrit dans le coeur. (Feuille)