Haute lande
Détenu au Liban pendant trois ans, le narrateur choisit après sa libération de s'installer au coeur de la forêt landaise.
Deux maçons taciturnes restaurent la maison. Il campe au milieu du chantier, rééduquant ses cinq sens au contact de la nature. Il va devenir prisonnier de la demeure dans la clairière et prendre de plus en plus de goût à cette dépendance. Dans cette parenthèse qui sépare la fin de l'épreuve du retour au monde des vivants, il écrit ce livre de la délectation où les odeurs, les visions et les rumeurs du monde sont nommées comme au premier jour.
"Nous avons adopté cette maison en nous fiant à sa bonne mine, à sa physionomie avenante, sans réfléchir au fait qu'elle avait été longtemps solitaire, délaissée. Elle a dû dissimuler ses anomalies pour trouver quelqu'un qui l'admette et la fasse revivre...
Dépouillés de leurs feuilles, les deux platanes n'en dégagent pas moins une puissance prodigieuse. Ils se tiennent en sentinelle devant la maison. Mes deux compagnons devinent la période de convalescence que je vis. Avec bienveillance, ils me regardent reprendre des forces. Ils me considèrent comme un être presque normal, non comme un égrotant qui ne pourra jamais se remettre du mal qui l'a frappé."(extraits du livre)
J'ai rêvé l'autre nuit que je pénétrais dans une maison habitée. La demeure offrait des couleurs lumineuses dans chaque pièce, des parfums d'épices et des matières privilégiées comme le bois et la pierre. Je trouve beaucoup de mystère à chaque maison dissimulée derrière les arbres et les feuilles, au bout d'un sentier forestier.
"La maison du retour" n'a pas de barrière ni de portail, pas de jardin clos, mais un airial (espace de clairière aménagé de plantations). Son cadre familier semble étendu à l'infini, du moins jusqu'à ce qu'une route se rencontre. Les Landes offrent pourtant une forme de banalité, de la platitude, mais la nature présente, protectrice, vivante, aide l'ancien otage à revivre.(Feuille)