La maison de l'écluse

Je marchais depuis deux heures, prise dans le fil de la lumière. Longeant la rivière j'avais dépassé une bonne dizaine d'écluses. Certaines d'entre elles avait conservé sur la rive la coquetterie de leur maison gardienne, avec un jardin clos en potager orné de roses trémières et d'oeillets d'inde. Des murets anciens et des portails frais moulus protégeaient leurs hôtes dans  un silence troublé par les cris des oiseaux et le bruissement de la rivière. Le rivage était habité au gré des changements d'humeur du cours d'eau. Parfois très lisse puis soudain plus mouvementé dans une pente douce qui grondait quelque peu et qu'affectionnaient les kayacs.

Puis la rivière se fit songeuse, délaissée, quelque peu ensauvagée. Des oiseaux au longs cous comme des ibis sacrés se postaient sur la rive entre les feuilles dans l'attente d'une proie. Des ragondins partaient en cabriolant dans les fourrés épais.

Une vieille maison d'éclusier abandonnée apparue. Elle était en partie recouverte de feuillage, de lierre, de vigne vierge et de glycine. Je la crue tout d'abord totalement  fermée, le jardin lui-même était cadenassé, je me postais avec un peu de recul pour la croquer à l'aquarelle. La maison semblait m'appeller. Après avoir rangé mes pinceaux et mes couleurs je longeais sa façade et soudain apercevant une brèche entre les feuilles je réussi à me faufiller dans un trou de la haie. J'aperçu quantité d'oiseaux qui s'effarouchèrent à mon arrivée, puis une poule qui s'échappa derrière les arbres. Je la suivi. Elle me conduisit dans un potager où je pu trouver de quoi faire un festin: des carottes et des salades quelque peu montées, du thym, du persil et des pommes de terre qui avait germé et créé de nouveaux plants.

La porte derrière la maison s'ouvrit sans peine. Je poussais les pans d'un volet pour faire entrer la lumière et découvris tout un mobilier modeste mais agréable, tout ce qu'il faut pour vivre simplement. Un lit dans un coin, une table et quatre chaises, un vaisselier bien fourni et même une boite de café et un bocal de sucre, des épices et des plantes séchées.  Partir ou bien rester?

Je balayai du regard l'ensemble de la pièce. Je refermai le volet de bois vermoulu qui grinça sur ses gonds, tirai la porte rousse derrière moi, et emportai les légumes dans mon sac à dos. En passant sur le sentier du jardin j'aperçu un nid de poule avec des oeufs. J'en pris trois et laissant les autres je m'en allai à contre coeur comme à contre courant de ce lieu...

Dans le ciel un héron au long bec passa dans un souffle d'ailes.

Et le grenier? Je n'avais pas vu le grenier... ou peut-être les chambres. Et la soupente, l'appenti, la porte de côté...Garder une part de rêve, de mystère, juste entrevoir et revenir peut-être...

Feuille

 

Comments

[petitroseau]

Olalalala ma p'tite feuille, après la journée mouvementé, surtout cet aprèm, que j'ai eu, me poser en te lisant et en découvrant tes photos et tes aquarelles, j'ai envie de traverser vite vite l'écran et partir rejoindre cette maison au parfum de paradis... il manque plus que le ronronnement d'un poêle ou d'un feu dans la cheminée et là je veux rester jusqu'à la fin des temps...



Merci, merci, merci, je t'embrasse fortissimo et te souhaite une belle soirée emplie de sérénité comme l'atmosphère que tu as créé .