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Pages et Feuilles
21 décembre 2012

La maison qui voulait renaître

a_rain_1893

 

Autrefois, il n'y a pas si longtemps, en ce pays breton, la grande maison grise en face de l'église embaumait les crêpes au beurre. La cheminée réchauffait les clients affamés venus s'abriter des pluies froides de l'hiver. Ils déjeunaient de bon appétit entre le feu de l'âtre et les vitres claires, soudain rieurs et rassérénés.

   L'été la véranda s'ouvrait sur un jardin clos abrité entre les murs de pierres de granit, ombré d'arbres et de buissons fleuris. Ses multiples petits sentiers cheminent encore dans la beauté du lieu quelque peu fanée. Je perçois des vestiges de printemps jolis, de repas charmants en plein air. Les enfants quittaient la table et jouaient à cache-cache. Paul_Serusier_xx_Chateau_neuf_xx_Unknown

 Au rez de chaussée la grande  salle de l'ancienne crêperie et la cuisine attenante vieillissent doucement, les grandes fenêtres donnent sur la rue mais ne rient plus. Un escalier menait aux appartements des hôtes de ces lieux, sur deux étages. Le tout dans les parfums de caramel et de vanille, entre le cidre et le lait ribot. La grande maison n'était jamais refroidie, toujours vivante, à la fois fraîche et chaleureuse, douce et rieuse, un brin rustique.

Aujourd'hui, sur les pas du peintre Paul Sérusier, la figure de ce village, je découvre une maison froide avec des lambeaux de lumière, des questions sur ses murs défraîchis. Dans le deuxième escalier subsistent des peintures figées dans l'espace. Le temps ici s'est arrêté et n'attend qu'un signe pour laisser renaître la maison. Trois jeunes femmes aimeraient y accueillir des enfants, afin d'aider certains parents à pouvoir travailler avant l'aube dans l'atypique qui s'offre en cette région. Elles entendent déjà les rires des enfants, les chagrins consolés et les bruits des jouets.

L'électricité n'est plus aux normes et la maison a perdu sa chaleur d'antan.  La cheminée s'est tû. Mais le lieu garde quelque chose d'intact, jamais abimé, des endroits lumineux  rénovés avant d'être abandonnés. Il reste des meubles, des rideaux de fleurs en poussière, des commodes de bois clairs et des vides béants qui ne demandent qu'à revivre.

Les jeunes femmes ont dans leurs yeux des espérances grandissantes, dans le coeur ce vaste souhait de tisser la vie. Elle ne demandent même pas beaucoup d'argent en échange de leur travail, prêtes à s'investir, à créer, à offrir, à s'entraider. Elles rêvent du petit potager du matin, du goûter sous la tonnelle, des escapades dans le jardin, de compotes au gré des petites menottes enfantines, du musicien qui viendrait chanter des comptines accompagné de sa guitare, de l'artiste peinte initiant les enfants au plaisir de créer.
 La tâche est grande pour redonner vie à la demeure, "mais vous savez nous sommes très motivées" me confient-elles.

serusier  Landscape__1904

Je quitte le village aux deux églises, l'une au coeur du bourg en face de la grande maison grise, l'autre sur la colline en grimpant à l'entrée du village. Non loin se dresse le château rose tout proche à vol d'oiseaux. Sérusier aimait peindre  et se reposer dans l'ombre du jardin clos. La grande maison saura-t-elle revivre? Je reviendrai suivre son renouveau, tisser son projet à petit pas ...

     

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Commentaires
P
Je respire les crêpes d'ici... dis-moi ma p'tite feuille, j'aimerais beaucoup aller m'installer dans cette maison et aller y passer des vacances, pfff,... dommage qu'elle soit à l'abandon !<br /> <br /> <br /> <br /> De belles toiles pour agrémenter ton article ! J'aime beaucoup 'Eve Bretonne, ou Mélancolie de ce peintre qui rend un bel hommage à la bretagne ;)<br /> <br /> <br /> <br /> --> http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a6/Serusier-EveBretonne.jpg
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