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Pages et Feuilles
6 janvier 2014

2098 (1ère partie)

Je ne suis pas tous les jours créative, je puise alors dans mes archives quelques écrits à partager. Cette nouvelle de fiction me saisit encore. Elle m'avait été inspirée par un peintre chinois contemporain dont les peintures n'inspiraient pas tous les lecteurs.

Perrepertuse, Quéribus et Gorges de Galamus 157-001

Grey scrutait l’horizon assis à califourchon sur le muret de pierres. Si la brume se levait il pourrait apercevoir la mer. Sans doute les océans avaient-ils atteint leur montée maximale. Une grande partie de chaque continent avait disparu en quelques décennies sous les vagues et les rivières en crue, emportant les villes, les paysages et la vie économique des pays. Les hommes s’étaient exilés d’années en années un peu plus profondément sur les terres qui se trouvaient autrefois loin des rivages.

Aujourd’hui , à Esperanza, l'océan n’était plus qu’à quelques kilomètres, alors que 20 ans plus tôt elle se situaient à plus de 200 km. Les enfants l’apercevaient avec inquiétude lorsqu’ils grimpaient sur les ruines qui dominaient la pauvreté cosmopolite de leur région. Ce siècle avaient vu passer les plus grands exodes de toute l’histoire de l’humanité et les plus tragiques hécatombes suite aux maladies, aux guerres, aux privations, aux catastrophes naturelles et humanitaires.

Les enfants d’Esperanza devaient très tôt devenir autonomes. Pour la majorité d’entre eux leurs parents n’étaient plus de ce monde ou souffraient d’une maladie incurable. Grey n’avait plus qu’une tante et une sœur. Sur la terre encore préservée de ce coin de planète résistant à l’assaut de l’océan, des milliers de maisonnettes avaient été construites, et chaque jour d’autres cabanes de fortune s’ajoutaient autour de celles déjà bâties. Les habitants ne devaient leur survie qu’à une pauvre agriculture, une industrie précaire et artisanale, et quelques sources précieuses autour desquelles des puits s’étaient construits. Ils vivaient aussi de cueillettes dans la nature environnante qui s’épuisait à offrir encore quelques fruits. Les plantes permettaient de soigner les maux les plus courants, mais usés par des décennies d’errance et de précarité les adultes ne subsistaient parfois pas très longtemps.

 

DSCN3980

 

Pourtant, Esperanza comme son nom l’indiquait, pouvaient protéger tout un peuple, être comme une arche au milieu du Maître Océan. Grey songeait que dorénavant ils n’auraient plus besoin de fuir comme les générations précédentes pour échapper à cet ogre marin qui dévorait tout sur son passage inlassablement. Il semblait qu’il eut enfin stoppé sa course folle. En cette fin de sombre siècle les êtres humains avaient perdu de leur orgueil, de leur convoitise et de leur agressivité. Un phénomène nouveau leur donnait le sentiment d’être reliés les uns les autres et de se devoir mutuellement assistance et compassion. Esperanza n’était pas riche et permettait tout juste une ingrate survie, mais les services rendus et les travaux communs compensaient la désolation de leur condition. Avec nostalgie les quelques anciens se souvenaient d’une époque prospère ou même dans les difficultés et les crises répétitives, l’abondance était au rendez-vous. La situation d’alors était sans commune mesure avec la vie précaire qu’ils subissaient aujourd’hui.

 

 

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