Le bois de l'onde
Le bois de l'onde chante et bruisse à deux pas de la ville. Longeant la rivière tumultueuse il accompagne les pas. Les flaques d'eau bordent les feuilles sur le sentier des pierres couchées. Il semble que des murets et des maisonnettes de granit aient vécu là leurs derniers jours et qu'ils s'enfoncent peu à peu dans l'oubli. La nature a repris ses droits, sauvage, imprévisible, sans jamais capituler. Des fougères arborescentes dansent dans le courant. Les sentiers se perdent. J'avais il y a fort longtemps un itinéraire privilégié, une adresse introuvable, un refuge enfoncé dans la roche ou l'eau des bois bouillait dans une auge de terre cuite sur un petit feu pour s'unir aux feuilles de ronce et aux fleurs d'aubépine. le breuvage racontait à lui seul des émotions et des souhaits.
Un pont enjambait la rivière pour grimper sur la colline. Les souvenirs se perdent dans les limbes du monde, ressurgissent aux soubressauts de l'onde. Je me perd, je marche vite comme survolant ce passé lointain dans une nostalgie sans fin qui malgré la rudesse perceptible tisse des effluves de lumière.
Feuille