Le hameau perdu
Le hameau avait surgi sans attendre le tournant du sentier, entre l'ombre des arbres et la lumière du soleil du soir. Intact, isolé dans son écrin de verdure, paisible et mystérieux. Impossible de savoir s'il était habité ou abandonné, sorti tout droit d'une histoire romanesque.
Les oiseaux dans les buissons sifflaient à l'unisson et les branches des taillis respiraient vers le ciel. Son nom lui-même était perdu quelque part dans l'ombre des portes fermées, au creux de la tour d'un ancien manoir. Pourtant les maisons ne semblaient pas délabrées, les murs chuchotaient entre eux des conciliabules, tendres ou sévères suivant le souffle qui les portait. La route étroite encore humide des dernières pluies se laissait sécher dans le vent.
J'avais dans ma poche une clé à demi rouillée, il me fallait trouver la maison du savetier, celle un peu plus haute que les autres qui gardait sous son toit les objets du passé. J'y allais élire domicile pour quelques jours, tester ma solitude à coups de pinceau, de gouttes d'eau et de pages d'écriture. Les champs mouillés, les coteaux envahis de ronces, les herbes rousses et les arbres noueux ne me seraient pas indifférents, bien au contraire.
Feuille